DERNIÈRE MISE À JOUR : 01/03/2024

Le métier de psychomotricien en EHPAD

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Le métier de psychomotricien en EHPAD

Le psychomotricien est spécialiste de la rééducation des troubles psychomoteurs, il joue un rôle crucial dans le bien-être et le maintien de l’autonomie des personnes âgées en maison de retraite. Découvrez de quelle manière il intervient auprès des résidents grâce au témoignage de Gabrielle d’Herlincourt, Psychomotricienne DE au sein de l’EHPAD Korian Georges Morchain à Neuville-Saint-Rémy.

Qu’est-ce qu’un psychomotricien et quels sont ses champs d’intervention auprès des personnes âgées ?

« Le métier de psychomotricien est un travail de prévention, de diagnostic et de rééducation des troubles de la sphère psychomotrice », explique Gabrielle d’Herlincourt, psychomotricienne.

La sphère psychomotrice comprend un ensemble de fonctions qui associent à la fois le corps, ce qu’il est capable de faire, mais aussi l’aspect cognitif et l’aspect motivationnel. Il s’agit par exemple de défauts de coordination motrice, de troubles de l’attention et de la mémoire, de difficulté à mouvoir et adapter son corps dans l’espace du ​​syndrome de glissement, de la peur de la chute, de troubles du comportement (angoisses, agitations…).

Pour cela, le psychomotricien peut par exemple agir sur :

  • Les coordinations du corps : la marche, le haut et le bas du corps en même temps, l’équilibre, les coordinations des deux mains, la motricité fine, l’œil et la main…
  • La représentation du corps sur deux aspects :
    1. La connaissance de son propre corps, notamment pour les personnes souffrant de la maladie d’alzheimer et de troubles apparentés, pour qui progressivement la connaissance de leur corps va s’effacer.
    2. L’image du corps, c’est-à-dire la façon dont on perçoit son corps. Chez la personne âgée, nous allons travailler cette image avec l’idée de la réconcilier avec son corps, car la vieillesse et la diminution des capacités qu’elle engendre peuvent entraîner une dévalorisation de soi.
  • Les notions d’espace et de temps : l’orientation dans l’espace et dans le temps, l’organisation dans l’espace et dans le temps, les troubles du tonus musculaire chez les patients hypertoniques ou hypotoniques.

À travers la médiation corporelle, l’objectif est d’améliorer l’état émotionnel et physique du résident, renforcer sa confiance en ses capacités pour maintenir son autonomie et préserver sa qualité de vie le plus longtemps possible.

Comment se déroule la prise en charge du résident ?

« Comme tous les professionnels de santé de l’établissement, le psychomotricien se présente au résident dans les premiers jours qui suivent son entrée dans l’établissement », explique Gabrielle d’Herlincourt. « Un premier contact pour faire connaissance, lui présenter mon métier et lui expliquer à quels moments je pourrai être amenée à intervenir. Je réalise ensuite un premier bilan psychomoteur (fonctions motrices, puis cognitives, schéma corporel, tonus...) pour évaluer ses capacités. »

Cette première évaluation permet de déterminer sur quels champs il est nécessaire d’intervenir, moteur, comportemental et/ou cognitif puis d’établir un plan de soins thérapeutiques répondant à des objectifs précis.

« En fonction des besoins identifiés chez le résident, mais aussi de ses envies et de ses centres d’intérêt, nous allons cibler les interventions possibles et mettre en place un suivi individuel et/ou en groupe », explique la psychomotricienne.

Ce suivi est régulier puis réévalué et réajusté en continu.

Quels sont les moyens thérapeutiques du psychomotricien pour accompagner les résidents ?

Les techniques et les outils utilisés par le psychomotricien en Ehpad sont nombreux et propres à chaque professionnel paramédical. En voici quelques exemples.

Les thérapies non médicamenteuses

Cela peut-être :

  • des ateliers de gymnastique douce pour entretenir la souplesse des muscles et des articulations, mais aussi soulager les douleurs ;
  • des ateliers équilibre et prévention des chutes ;
  • des activités de rééducation individuelle, de motricité fine ou de la motricité globale ;
  • des ateliers mémoire afin de travailler sur les capacités cognitives.

« Le psychomotricien est également spécialiste de la relaxation », souligne Gabrielle d’Herlincourt. « Nous sommes formés aux techniques de relaxation thérapeutique, que ce soit des relaxations corporelles, dynamiques ou plutôt passives. »

« Pour m’accompagner dans ma pratique, je peux utiliser différents outils comme les huiles essentielles, les couvertures lestées, des lampes qui projettent des lumières spécifiques, un plaid sensoriel, etc. »

Chez les personnes ayant beaucoup d’anxiété ou des états dépressifs, la relaxation thérapeutique leur permet de se détendre, de développer un mieux-être et plus de sérénité.

Les médiateurs

« Nous utilisons également les équipements SilverFit pour la rééducation motrice et cognitive. Il s’agit de systèmes numériques interactifs qu’il est possible d’utiliser en groupe ou en individuel et qui proposent différentes activités cognitives et physiques. »

D’autres médiateurs peuvent être utilisés comme le fauteuil à balancement, le chariot d’éveil des sens, les salles sensorielles interactives aménagées, la balnéothérapie, etc.

« Finalement, beaucoup d’outils et de techniques peuvent être adaptés pour de la rééducation thérapeutique », explique Gabrielle d’Herlincourt. « Toutefois, ce n’est pas l’outil qui fait la thérapie, mais bien la personne qui la pratique. L’important est la façon dont on va s’en servir », précise-t-elle.
 

Quelles sont les situations de rééducation les plus fréquentes rencontrées par le psychomotricien en Ehpad ?

Les problématiques des résidents peuvent être diverses.

En Ehpad, le syndrome post-chute est fréquent. Pour les personnes âgées, faire une chute n’est pas sans conséquences. Après être tombées, certaines gardent une empreinte psychologique forte de la chute. « Consciemment ou non, elles ont ensuite peur que cela se reproduise, notamment lorsque la personne est restée longtemps au sol », explique Gabrielle d’Herlincourt.

Cette peur panique va modifier ses comportements et peut aller jusqu’à lui faire perdre les automatismes de la marche et de l’équilibre. Une rééducation intensive est alors nécessaire pour permettre à la personne de retrouver confiance et de garder toute son autonomie.

« J’accompagne également les personnes ayant des difficultés comportementales lors des soins. Généralement, lorsqu’elles ne peuvent plus sortir de leur lit, elles sont très anxieuses et leurs membres sont souvent crispés. Dans ce cas, j’agis avec de la relaxation pour leur permettre de se détendre, de décharger leurs angoisses et d’accueillir ainsi les soins plus positivement. »

Le psychomotricien peut-il également intervenir auprès des soignants ?

« Sur l’établissement Georges Morchain à Neuville-Saint-Rémy, j’ai également un rôle de sensibilisation et de formation auprès des aides-soignants. Je les accompagne et je les sensibilise dans leur prise en charge des résidents, notamment dans la communication auprès des personnes désorientées. Je leur explique comment leur parler, comment les toucher lors des soins de nursing. Je les forme également sur des sujets assez divers comme les chutes et la fin de vie. »

« Au sein de l’établissement, nous sommes dans une démarche de santé et de sécurité au travail pour les aides-soignants. Des formations spécifiques PRAP 2S (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique dans le secteur Sanitaire et Social) sont organisées. Ce sont des formations, gestes et postures comprenant toute une partie sur les situations et l’analyse des difficultés que les soignants peuvent rencontrer au travail », explique Gabrielle d’Herlincourt.

L’objectif de ces formations est que les personnes qui la reçoivent puissent devenir acteurs de leur prévention dans leur pratique.

« Les ​aides-soignants sont les professionnels qui portent nos établissements, sans eux il n’y a pas d’Ehpad », insiste-elle. « Leur travail est très physique, c’est pourquoi ces formations et cet accompagnement sont importants pour prendre soin de ceux qui prennent soin. »

« Au quotidien, les soignants peuvent me solliciter lorsqu’ils en ont besoin. Nous avons également l’occasion d’échanger régulièrement lors de nombreux temps d’équipe : les transmissions, les staffs pluridisciplinaires, les projets personnalisés… Notre collaboration est cruciale pour garantir une prise en charge globale et adaptée de chaque résident. »

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